Lettre ouverte à la rédaction d’Ouest-France – Droit de réponse du capitaine du voilier-école Shtandart

Le Shtandart pris pour cible : erreur de perception ou parti pris idéologique ?

Depuis trois ans, le voilier-école Shtandart est la cible d’une campagne persistante de pression et de désinformation en Europe. L’article publié par Ouest-France le 23 mai 2025, intitulé «Le navire russe Shtandart mène la guerre de Poutine jusque dans le golfe du Morbihan», en est malheureusement le point culminant. Cet article contient de nombreuses inexactitudes factuelles, des interprétations biaisées et omet totalement la position officielle du capitaine et de l’équipage, pourtant exprimée à maintes reprises publiquement. Il est temps de rétablir les faits et de séparer la vérité des accusations infondées.

Le Shtandart : un projet civil international et indépendant

Le Shtandart est la réplique historique d’une frégate du tsar Pierre Ier, construite en 1999 à Saint-Pétersbourg par une équipe de bénévoles. Dès sa création, le projet a été apolitique, avec une mission éducative et culturelle. En 2009, face à l’évolution du climat politique en Russie, le navire a quitté le pays. Depuis, il n’a aucun lien juridique, financier ou idéologique avec l’État russe.

Aujourd’hui, le Shtandart est immatriculé aux Îles Cook et géré par une organisation européenne enregistrée et fiscalement active dans l’Union européenne depuis 2011. Il ne reçoit aucun financement d’État ni soutien d’oligarques. Le capitaine, Vladimir Martus, vit en Europe depuis plus de 14 ans. Il est citoyen européen, d’origine ukrainienne et russe.

Qualifier le Shtandart de « navire russe » dans un contexte politique est une simplification trompeuse qui nuit à la compréhension du public et ternit injustement la réputation du projet – et, par ricochet, celle d’un média aussi respecté qu’Ouest-France.

25 ans de mission éducative et de soutien international

Depuis 25 ans, des milliers de jeunes originaires de plus de 20 pays ont été formés à bord du Shtandart. Outre la navigation, ils y apprennent la responsabilité, le dialogue interculturel et le respect des différences. Le projet incarne les valeurs de la société civile européenne.

Des milliers de personnes nous soutiennent, notamment les associations Mor Glaz et Les Amis des Grands Voiliers. En 2023, nous avons participé à l’Armada de Rouen en tant que navire engagé pour la paix. Notre pétition en ligne en faveur du navire a recueilli plus de 8 000 signatures sur Change.org.

Le statut juridique du navire et la question controversée des sanctions

L’idée selon laquelle les sanctions européennes interdiraient l’entrée du Shtandart dans les ports est sujette à débat. Dans tout État de droit, des divergences d’interprétation juridique peuvent être portées devant la justice. C’est précisément ce qui se passe actuellement : la légitimité de l’inclusion des répliques historiques dans le champ des sanctions fait l’objet d’un recours devant la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE).

Aucun texte européen n’interdit explicitement les répliques de navires historiques. Nos escales sont légales, conformes aux réglementations maritimes, et validées par les préfectures concernées.

Accusations de « guerre hybride » : infondées et dangereuses

Aucune autorité française ou européenne n’a jamais lié le Shtandart à une quelconque forme de propagande ou d’opération hybride. Ce sont des rumeurs sans fondement. Toutes nos publications sont publiques, apolitiques, et disponibles sur les réseaux sociaux (Instagram : @Frigate_Shtandart, Facebook : Frigate.Shtandart) ainsi que sur notre site shtandart.eu.

Nous n’avons jamais exprimé – et n’exprimerons jamais – de soutien à la guerre ou à une quelconque politique de violence. Le Shtandart existe pour rapprocher les peuples, pas pour les diviser.

Une campagne de pression ciblée

Depuis plus de trois ans, un militant s’exprimant au nom du collectif « No Shtandart in Europe » mène une campagne de harcèlement contre notre projet : désinformation, intimidation, menaces, et pressions sur les autorités. Nous avons dû signaler ces agissements aux autorités françaises.

Malgré nos tentatives de dialogue, ce collectif rejette toute explication : selon lui, le Shtandart serait un projet russe parce que son capitaine est né en Russie. Ce n’est plus de la critique – c’est de la discrimination fondée sur l’origine.

L’aide à l’Ukraine passée sous silence

En 2022, l’équipage du Shtandart a organisé une aide humanitaire à destination d’un hôpital pour enfants en Ukraine. Cette action a été ignorée par les médias. Sans la campagne de blocage que nous subissons, nous aurions pu étendre notre aide. Mais nous avons été contraints de lutter pour notre simple survie.

Conditions de vie : réalité quotidienne en mer

Depuis des mois, l’équipage vit au mouillage, sans accès à des infrastructures de base comme une douche, une laverie ou des soins médicaux. Il faut 20 minutes de canot en mer pour rejoindre la terre ferme. Est-il crédible de penser que quelqu’un lié au Kremlin choisirait ces conditions extrêmes plutôt que le confort d’une base arrière en Russie ?

Une mission de transmission et de paix

Le Shtandart est un navire de formation, de mémoire historique et de dialogue entre les peuples. Il ne distingue pas Russes, Ukrainiens, Français ou autres nationalités. Sa mission est d’unir.

Nous demandons à Ouest-France de permettre à ses lecteurs d’entendre notre voix. Que la vérité puisse résonner aussi fort que les accusations.

Pour aller plus loin : notre lettre officielle aux autorités maritimes françaises

En complément de cette réponse, nous tenons à porter à la connaissance du public notre lettre ouverte aux autorités maritimes françaises, datée du 15 mai 2025. Ce document détaille les enjeux juridiques et les pressions subies par notre navire et son équipage.

26/05/2025

Vladimir MARTUS, Capitaine

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